rencontre | littérature / lecture

Ludovic Drouet

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du 16.06.2025

au 24.07.2025

“Laisser une trace n’est pas un choix” m’étais-je entendu dire, un soir de spectacle raté. La question du succès et derrière elle, le problème de la postérité me poursuivent comme des serpents de mer. “Laisser une trace”, ambition symptomatique de mon enfantine autant qu’animale peur de la mort et dans la sous-pente de cette peur, il y en a une autre larvée : celle de disparaître pour de bon.

Durer, même quand je ne serai plus. Rester dans les mémoires, immuable, comme la pierre. M’offrir un ticket pour les temps géologiques … Un long travail sur moi-même pourrait me faire ouvrir les yeux sur la vacuité d’un tel projet. Mais la question se pose autrement à l’aune de l’atome.

L’espérance de vie du plutonium 244, un sous-produit de la fission nucléaire, est de plusieurs dizaines de millions d’années. Une durée sans commune mesure avec celle d’une vie humaine (la mienne), ou d’une civilisation (la nôtre).

Quand tous les impérialismes se seront effondrés, quand la poussière aura remplacé la poussière, et que le nom Coca-cola sera devenu une intraduisible rune, les déchets nucléaires aujourd’hui confinés dans les sous-sols émettront encore un rayonnement létal. Comment faire comprendre aux êtres qui nous succéderont dans des centaines de milliers d’années qu’il ne faut pas creuser à certains endroits ? Comment laisser une trace durable qui serait autre chose qu’un cadeau empoisonné ? Quelle pourrait-être ce type de trace ? Et comment la choisir ?

S’inspirant des recherches actuellement menées dans ce but, mon projet d’écriture sera la quête d’un récit “à vie longue”, autrement dit : un mythe, en même temps que la narration de cette quête. Il est possible que cette écriture sollicite plusieurs médias, dont la photographie.

Ludovic Drouet est auteur et metteur en scène. Il a travaillé en milieu carcéral et psychiatrique et écrit plusieurs textes pour le théâtre et la radio, dont Derrière l’hôtel (L’L éditions) et Le paradoxe de Billy (Lansman). Il vit et travaille en Belgique.

“Leaving a trace is not a choice,” I once heard myself say, one evening after a failed performance.

The question of success — and, thus, the issue of legacy — haunts me like sea serpents. “Leaving a trace”: an ambition symptomatic of my fear of death, both childlike and animal. And nestled beneath that fear lies another, dormant one: the fear of truly vanishing.

To endure, even when I am no longer. To remain in memory, unchanging, like stone.

To buy myself a ticket to geological time…

The half-life of plutonium-244, a byproduct of nuclear fission, spans tens of millions of years — a duration utterly disproportionate to that of a human life (mine), or even of a civilization (ours).

When all empires have crumbled, when dust has replaced dust, and when the name Coca-Cola has become an untranslatable rune, nuclear waste buried deep underground will still emit its deadly radiation.

How can we communicate to the beings who will follow us in hundreds of thousands of years that certain places must never be disturbed?

How do we leave behind a lasting trace that is not a poisoned gift?

Drawing on ongoing research in this field, my writing project will take the form of a quest for a “long-life narrative” — in other words, a myth — as well as the narration of that very quest.

It is possible that this writing will draw on multiple media, including photography.

Ludovic Drouet is a writer and theatre director. He has worked in prison and psychiatric settings and has written several texts for theatre and radio, including Derrière l’hôtel (L’L éditions) and Le paradoxe de Billy (Lansman). He lives and works in Belgium.

Organisation

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Événement passé

16.06.2025