Ma résidence d’écriture à neimënster sera un voyage au plus profond de la forêt, au cœur des contes de fées, et en particulier celui de blanche Neige. Mon interrogation centrale sera de comprendre ce que ces récits libèrent, façonnent ou consolent en nous, adultes comme enfants, et de quelle manière ils construisent la place de la femme dans la société.
Dans un monde où les forêts sont remplies de secrets et où les contes traditionnels se mêlent aux interrogations contemporaines, “A travers la forêt” suit le voyage initiatique d’une petite fille barbouillée, figée dans l’enfance, qui se confronte à l’angoisse du corps qui change.
Elle est en quête de réponses : pourquoi son corps refuse-t-il de se transformer comme celui des autres enfants ? Pourquoi personne ne lui parle des raisons profondes de ses changements ? Pourquoi est-elle figée dans une étape de l’enfance dont elle ne comprend pas les règles ?
Je voudrais également explorer la figure de la mère biologique de Blanche Neige, zone d’ombre dans la plupart des récits classiques. En montrant le hors champ de cette femme qui n’arrive pas à enfanter, j’aborderai les sujets de l’infertilité, des menstruations et des fausses couches : ces blessures de femmes dont la cruauté est trop souvent tue et invisibilisée. L’histoire commence pourtant  par une goutte de sang dans la neige.

Par cette double rencontre entre les jeunes générations et les mères blessées, “A travers la forêt” interroge le rapport entre la féminité et la société. La féminité ne sera plus une question de perfection ou de passage obligé. La maternité, la puberté, les douleurs physiques et émotionnelles seront montrées non pas comme des tabous ou des malédictions, mais comme des réalités humaines et partagées, loin des conventions imposées par la société. La petite fille barbouillée (Blanche Neige) et sa mère échangeront en miroir, sur leurs douleurs et leurs désirs. Est-ce qu’elles ne seraient pas, au fond, la même personne ? Leurs vies sont- elles séparées par un simple miroir ou par une continuité de générations qui se superposent ? On peut se demander dès lors qui émancipe l’autre !

Laure Roldàn se forme au Conservatoire National d’Art dramatique de la ville de Paris et travaille sous la direction de Muriel Mayette, Hélène Vincent, Arthur Nauzyciel, Vincent Goethals, Simon Abkarian, Carole Lorang, Laura Schroeder, Myriam Muller, Laurent Guttman, Yann Colette, Fréderic Maragnani, Jean Boillot, Alexandra Tobeleim… Ces dernières annéees elle se tourne vers la mise en scène et l’écriture avec “ la rue des fleurs n’existe pas “ au Grand Théâtre de Luxembourg. Elle crée une performance itinérante, musicale et poétique autour des lieux emblématiques de la ville : « Les bancs publics » en collaboration avec l’auteur – compositeur Camille Rocailleux. Elle a également mis en scène avec Gaëtan Vassart ” Petit frère, la grande histoire Aznavour” d’après des matériaux autobiographiques autour de la vie de Charles Aznavour remarqué dans le cadre de la sélection du Luxembourg en Avignon et en tournée en France et en Arménie (plus de 60 dates).  Avec Charlotte Escamez elle conçoit « les murs parlent » sur l’histoire non-officielle des murals dans les villes en résidence au Liban, à la Kulturfabrick d’’Esch / Alzette et à Mains d’Œuvres, Saint Ouen sur seine. 

En parallèle elle donne des cours en partenariat avec plusieurs scènes nationales et assure les cours de Rhétorique au Conservatoire de la ville de Luxembourg. Elle fait partie du collectif d’auteur.ices transfrontalier «  Le Gueuloir »et est la directrice artistique de la compagnie Juana La Loca.

During my residency at neimënster I will travel deep into the forest, to the heart of fairy tales, and in particular that of Snow White. My central question will be to understand what these stories liberate, shape or console in us, adults and children alike, and how they shape the place of women in society.
In a world where forests are full of secrets and traditional tales mingle with contemporary questions, “A travers la forêt” follows the initiatory journey of a girl, stuck in childhood, who confronts the anguish of a changing body.

She’s looking for answers: why does her body refuse to change like other children’s? Why won’t anyone talk to her about the underlying reasons for her changes? Why is she stuck in a phase of childhood whose rules she doesn’t understand?

I would also like to explore the figure of Snow White’s biological mother, a shadowy figure in most classic stories. By showing the off-screen image of this woman who is unable to give birth, I will tackle the subjects of infertility, menstruation and miscarriage: the wounds of women whose cruelty is too often hushed up and invisible. Yet the story begins with a drop of blood in the snow.

Through this dual encounter between the younger generation and wounded mothers, “A travers la forêt” questions the relationship between femininity and society. Femininity will no longer be a question of perfection or an obligatory passage. Motherhood, puberty and physical and emotional pain will be shown not as taboos or curses, but as shared human realities, far removed from the conventions imposed by society. The little girl with her face smeared (Snow White) and her mother will exchange views on their pain and desires. Are they not, in fact, the same person? Are their lives separated by a simple mirror or by a continuity of overlapping generations? It begs the question: who emancipates the other?

Laure Roldàn trained at the Conservatoire National d’Art dramatique de la ville de Paris and has worked under the direction of Muriel Mayette, Hélène Vincent, Arthur Nauzyciel, Vincent Goethals, Simon Abkarian, Carole Lorang, Laura Schroeder, Myriam Muller, Laurent Guttman, Yann Colette, Fréderic Maragnani, Jean Boillot, and Alexandra Tobeleim, to name but a few. In recent years she has turned to directing and writing with ‘la rue des fleurs n’existe pas’ at the Grand Théâtre de Luxembourg. She created a musical and poetic touring performance around the city’s emblematic sites: ‘Les bancs publics’ in collaboration with the author and composer Camille Rocailleux. She also directed ‘Petit frère, la grande histoire Aznavour’ with Gaëtan Vassart, based on autobiographical material about the life of Charles Aznavour, which was featured in the Luxembourg selection at Avignon and toured France and Armenia (over 60 dates).  With Charlotte Escamez, she designed ‘les murs parlent’, about the unofficial history of murals in cities in which they were in residency, in Lebanon, at the Kulturfabrick in Esch / Alzette and at Mains d’Œuvres, Saint Ouen sur Seine.

At the same time, she gives classes in partnership with several national theatres and teaches rhetoric at the Conservatoire de la Ville de Luxembourg. She is a member of the cross-border writers’ collective “Le Gueuloir” and artistic director of the Juana La Loca company.